A letter to someone, anyone

Chers français que j'ai connus dans le métro ce soir,

     Au départ du voyage, quand j'ai reconnu votre belle langue, je pouvais pas m'empêcher de sourire un tout petit peu. Je me suis mise à vous écouter, même si le bruit autour (y compris les trois hommes chantant joyeusement) a rendu la tâche des fois difficile. J'imaginais des scènes dans ma tête de moi en train de vous parler en cette langue que je manque tellement de parler, mais je me contentais d'entendre les sons, la musique, les mots, tout ce qui me rappelait d'une belle vie que je menais d'autrefois.

     En vous écoutant j'ai pensé aux langues que j'ai pu apprendre depuis mes études de français. Et j'ai pensé à ces langues que je parle, ces langues qui ont leur propres mélodies. Les tonalités subtiles, les inflections de la voix caractérisant chacune de ces langues. J'ai pensé à moi, et comment sonne ma voix en parlant toutes ces langues, et je me suis rendu compte que les parler, c'est comme chanter. Mais si c'est bien le cas, le français reste la chanson que mon coeur chérit le plus. En vous écoutant j'ai pensé aux amis qui parlent exactement comme vous, aux amis tenant comme langue maternelle cette langue là. Mais j'ai pensé aussi aux amis comme moi, qui se passionnent par le français, qui l'a appris en France comme moi. Eux aussi ont une place spéciale dans leur coeur pour les souvenirs qu'ils associent avec le français.

     Je me suis dit que si vous sortiez dans la station de Harvard, je vous parlerais. Et en effet, vous vous êtes levés quasiment en même temps que moi. Et comme toujours, le train s'est arrêté avant d'arriver, quand vous avez pensé qu'il était déjà arrivé à la station. J'ai entendu votre confusion, et c'est en ce moment que j'ai dit, "Il faut attendre un peu. Le train doit ralentir parce que ça passe sous les dortoirs." Vous avez réagi avec une manière que je connaissais déjà. Mes mots vous ont étonnés, mais je pense que vous étiez heureux de me parler. (Pas aussi heureuse que moi, par contre.) Merci pour les compliments, au fait. Quand vous m'avez dit, "Mais quel accent !" une certaine fierté de pouvoir parler le français ainsi s'est rallumée en moi. Merci de me rappeler que j'en suis capable, parce que comme je vous ai dit, j'ai plus beaucoup d'opportunités de parler le français.

     Merci de m'avoir apporté un petit bout de la France ce soir, le pays dont je rêvais dans le passé, dont je rêve tous les moments. Il faut vraiment que je retourne. Je me demande quels sentiments ressortiront, quelles sensations oubliées me reviendront. Certainement il y en aura comme ce que j'ai senti ce soir en vous écoutant et en vous parlant. J'espère que votre séjour ici dans cette ville que j'aime, Boston, se passe à merveille, et je veux que vous sachiez que j'étais vraiment enchantée que nos chemins se soient croisés.

      Amicalement,
      Amanda


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